Loïc Breilloux Photographies

Improbable co-leader de la division avec Charnay depuis l'ouverture de la saison, le Feytiat Basket 87 ne cesse d'impressionner par sa maturité et son adaptation à la Ligue Féminine 2. Cyril Sicsic, entraîneur principal de l'équipe première de ce club de la banlieue de Limoges, s'est confié sur ce début de saison pour le moins surprenant.

Pour le moment, Feytiat affiche un bilan de 5 victoires pour 1 défaite. Quel bilan dressez-vous de ce début de saison assez exceptionnel ?

 

C'est vrai qu'on ne peut dresser qu'un bilan positif compte tenu des résultats. Après, on a encore une très grosse marge de progression, je pense, parce qu'on est très bien sur les tirs à trois points (33,9% derrière l'arc, meilleure statistique de la division), on est bien sur les fautes provoquées (20,8 par match). Après défensivement, on fait parfois un peu trop de largesse donc on va devoir aussi avancer sur ça mais le bilan de ce début de saison est plus que positif.

 

Est-ce que c'est inattendu pour vous d'arriver pour votre première saison en Ligue Féminine 2 et d'être aussi performant dès les premiers matchs ?

 

Inattendu oui, car quand on regarde nos matchs amicaux, on pouvait pas s'attendre à être à ce niveau-là dans la compétition, c'est évident. Inattendu parce que nous, on est voué à jouer le maintien par rapport aux grosses cylindrées qu'il peut y avoir dans ce championnat et puis aux équipes qui ont beaucoup plus d'expérience que nous. Forcément, tout cela rend notre championnat un peu inattendu mais pour autant, je pense que c'est mérité par ce que les joueuses font un travail remarquable, elles ont une capacité de travail incroyable et puis elles se récompensent le samedi soir.

 

A l'intersaison, votre effectif a profondément changé, scénario souvent classique lors des accessions à la division. Seules quatre joueuses de l'aventure NF1 étaient encore présentes (Zinaï, Rahmanovic, Prugnières, Premillieux). Quand on regarde votre recrutement, Feytiat semble avoir fait le choix de la jeunesse. Comment cela s'organise dans un effectif où l'on retrouve d'une part des joueuses d'expérience, cadres de la division et des jeunes de l'autre qui goûtent pour la première fois aux joutes de la LF2 ?

 

La première chose, c'est que ce n'est pas forcément un pari sur la jeunesse que l'on a pris. Nous avons misé d'abord sur des joueuses qui nous paraissaient complémentaires et puis après, j'ai recruté les joueuses que je pouvais signer aussi. C'est une évidence car nous sommes arrivés très tard sur le marché donc on s'est plié à sa loi. Après par rapport, à l'alchimie qu'on essaye de créer entre les joueuses, je pense que la première chose, c'est que la hiérarchie est installée et que chaque joueuse a un rôle bien spécifique. Tout le monde sait ce que chacune est capable de faire ou de ne pas faire, et surtout tout le monde doit l'accepter. Il est évident que quand tu as Alexa Middleton ou Irma Rahmanovic, et bien les jeunes comme Eva Faillot ou Océane Robin ou encore Justine Soulard, qui n'a jamais connu ce niveau-là, elles savent ce qu'elles doivent faire et à qui donner la balle. Maintenant, c'est à ces joueuses-là de rendre les autres meilleures aussi.

 

Vous reprenez samedi le chemin des parquets après une période de trêve internationale. Pouvant être un magnifique moyen de souffler mais aussi pouvant casser des dynamiques, comment vous sentez cette reprise ? 

 

Moi je ne peux rien dire sur ce calendrier. On râle quand on joue trop, on râle quand on ne joue pas assez, on est jamais content. La seule chose qui nous rend heureux, c'est la victoire. Je vais pas dire si elle a été bénéfique ou pas, mais je sais comment on l'a géré. On a donné du repos aux joueuses parce qu'elles avaient bien travaillé et longtemps sans beaucoup de repos. On a coupé un jour et puis on a repris les entraînements normaux, en étant plus spécifique samedi pour garder le rythme des matchs.

 

Dans la plupart des championnats, on a souvent un tête de championnat, un ventre mou et des équipes en difficulté à l'arrière. En Ligue Féminine 2, on se rend compte que le championnat est ultra-homogène, tous les matchs peuvent être couperets. Comment gère cela ?

 

On ne s'occupe que de nous. Si on commence à s'occuper des autres, on risque d'avoir de très grosses mésaventures. Quand on voit Reims par exemple, qui va gagner d'un quinzaine de points à Mondeville et qui reçoit Calais chez eux en perdant de vingt, alors que le COB n'était pas au mieux. Je pense que le seul moyen de bien s'asseoir dans un championnat, c'est d'abord de penser à soi et de penser à son jeu avant de penser aux autres. Il y a trop de facteurs à prendre en compte en LF2, il y a trop d'équipes qui ont un fort potentiel et qui ne l'ont pas encore exploités, pour se dire "Ce match-là, on peut le laisser passer". Cette année, ce n'est pas possible.